Finies les vacances au Japon, un pays qui – honnêtement – m’a laissé sur mon cul, tellement le dépaysement y est surprenant. Malgré une barrière de langues difficilement franchissable, j’ai fait l’expérience d’un peuple d’une courtoisie légendaire et d’une discipline qui fait rêver. En plus, un pays où les transports publics sont toujours à l’heure, fonctionnent avec une efficacité ahurissante, dans un moloch citadin comme Tokio (38 millions d’habitants), où personne ne traverse la rue quand les feux sont au rouge et où les voitures ne claxonnent pratiquement jamais.
Pour ce qui est du cinéma bien de chez nous, JURASSIC WORLD – FALLEN KINGDOM de Juan Antonio Bayona sera l’attraction incontournable pour les amateurs de sensations fortes. WHAT WILL PEOPLE SAY de Iran Haq et le (justement) japonais BEFORE WE VANISH de Kiyoshi Kurosawa s’adressent plutôt au public cinéphile qui aime les voyages exotiques et les films engagés, tandis que les deux comédies françaises de la semaine, DEMI-SOEURS et ABDEL ET LA COMTESSE s’inscrivent dans la lignée de plus en plus décevante d’un cinéma français grabnd-public qui s’enfonce dans la mouise générale. Jean-Pierre THILGES
JURASSIC WORLD – FALLEN KINGDOM
Action, science-fiction; Réalisateur: Juan Antonio Bayona; Avec Chris Pratt, Bryce Dallas Howard, Jeff Goldblum, Toby Jones, Jamnes Cromwell, Geraldine Chaplin; Scénaristes; Colin Trevorrow, Derek Connolly; avec des personnages créés par Michael Crichton; Directeur(Photo: Oscar Faura; Musique: Michaekl Giacchino; USA 2018, 129 minutes.
Cela fait maintenant trois ans que les dinosaures se sont échappés de leurs enclos et ont détruit le parc à thème et complexe de luxe Jurassic World. Isla Nublar a été abandonnée par les humains alors que les dinosaures survivants sont livrés à eux-mêmes dans la jungle. Lorsque le volcan inactif de l’île commence à rugir, Owen et Claire s’organisent pour sauver les dinosaures restants de l’extinction. Owen se fait un devoir de retrouver Blue, son principal raptor qui a disparu dans la nature, alors que Claire, qui a maintenant un véritable respect pour ces créatures, s’en fait une mission. Arrivant sur l’île instable alors que la lave commence à pleuvoir, leur expédition découvre une conspiration qui pourrait ramener toute notre planète à un ordre périlleux jamais vu depuis la préhistoire…
Le réalisateur de Jurassic World: Fallen Kingdom, Juan Antonio Bayona, a promis que cette suite sera bien plus effrayante que le film précédent. “Il y aura davantage d’animatronique. Nous suivrons la même règle générale de tous les films de la franchise : les dinosaures seront en animatronique lorsqu’ils se tiennent immobiles ou bougent simplement des cuisses ou du cou. Ils ne peuvent ni courir ni effectuer d’actions physiques complexes, et tout cela, l’animation le permet. Les mêmes règles s’appliquaient à Jurassic Park.” (Extrait du dossier de presse)
- Contrairement à la majorité de mes collègues-critiques, j’avais beaucoup aimé le film précédent réalisé par Colin Trevorrow, qui m’avait fait penser aux films d’exploitation et d’action un peu fauchés des années 1950 (genre Ray Harryhausen, Jack Arnold ou encore George Pal), mais cette fois doté d’un budget confortable de 150 millions de dollars. Le public ne s’y est d’ailleurs pas trompé, puisque le film a fait un tabac au box-office, avec près de 1.7 milliards de dollars de recettes dans le monde en exploitation salles. Juan Antonio Bayona (The Orphanage; The Impossible), qui a repris le flambeau, quand Trevorrow est parti sur la franchise Star Wars, est un habile technicien qui – selon toute probabilité – a dû réussir son coup. Et puis, à côté de tous ces dinosaures très photogéniques, j’ai toujours un pincement au coeur pour la belle Bryce Dallas Howard qui, comme aucune auztre, sait comment échapper aux gros monstres en talons-aiguilles. (jpt)
WHAT WILL PEOPLE SAY
Titre original: HVA VIL VOLK SI; Titre français: La mauvaise réputation; Réalisatrice, scénariste: Iram Haq; avec Maria mozhdah, Adil Hussain, Rohit Saraf; Directeur/ Photo: Nadim Carlsen; Musique: Martin Pedersen, Lorenz Dangel; Norvège/Suède/ Allemagne 2017; Sélection officielle Toronto 2017.
Nisha est une jeune fille de seize ans qui mène une double vie. À la maison avec sa famille, elle est la parfaite petite fille pakistanaise. Dehors, avec ses amis, c’est une adolescente norvégienne ordinaire. Lorsque son père la surprend dans sa chambre avec son petit ami, la vie de Nisha dérape…
Le titre original de La mauvaise réputation, “Hva vil folk si”, signifie en urdu “Que vont dire les gens”. La réalisatrice explique qu’elle est issue d’une culture obsédée par l’avis des autres, où la tradition et le sens de l’honneur sont prédominants : “J’espère que le film permettra de comprendre le dilemme auxquels sont confrontés parents et enfants lorsqu’ils n’ont pas le sentiment d’appartenir au même monde. Je ne cherche pas à provoquer, mais à montrer une réalité. Je veux dire aux jeunes qu’ils ont le droit de conquérir leur liberté. Et dire aux parents qu’ils doivent entamer le dialogue.” (Extrait du dossier de presse)
La mauvaise réputation est directement inspiré du parcours de la réalisatrice qui, à l’instar de son héroïne, a été kidnappée par ses parents pour être envoyée au Pakistan à l’âge de 14 ans : “je n’ai quasiment jamais revu mes parents durant 26 ans. Ce n’est que lorsque mon père m’a contactée, parce qu’il était gravement malade, que j’ai pu renouer avec lui. Il m’a demandé pardon, ce à quoi je ne m’attendais absolument pas. Il a su que je faisais un film d’après mon expérience, et il m’a encouragée à le faire. On a renoué un vrai rapport. J’ai pu lui pardonner. Nous sommes vite redevenus très proches. Hélas, il est décédé avant que le film ne soit terminé.” (Extrait du dossier de presse)
- The second feature from director Iram Haq follows a Pakistani teenager in Norway who is sent back to her extended family on the subcontinent when she seemingly soils her family’s reputation. (…) Unfortunately it lacks the nuance and insight of her impressively poignant yet controlled debut feature, I am Yours, which represented Norway in the foreign-language Oscar derby in 2013. Her new film almost plays like a kind of prequel to her first film, as the young woman growing up between two cultures is younger here but otherwise from a very similar, traditions- and honor-obsessed Pakistani family in Norway. (Boyd van Hoeij/Hollywood Reporter)
BEFORE WE VANISH
Titre original: SANPO SURU SHIN’RYAKUSHA; Titre français: Avant que nous disparaissions; Réalisateur: Kiyoshi Kurosawa; avec Masami Nagasawa, Ryuhei Matsuda, Hiroki Kasegawa; Scénaristes: Kiyoshi Kurosawa, Sachiko Tanaka, d’après le livre de Tomohiro Maekawa; Directeur/Photo: Akiko Ashizawa; Musique: Yusuke Hayashi; Japon 2017, 129 minutes; Festival de Cannes 2017: Un certain regard.
Alors que Narumi et son mari Shinji traversent une mauvaise passe, Shinji disparaît soudainement et revient quelques jours plus tard, complètement transformé. Il semble être devenu un homme différent, tendre et attentionné. Au même moment, une famille est brutalement assassinée et de curieux phénomènes se produisent en ville. Le journaliste Sakurai va mener l’enquête sur cette mystérieuse affaire…
- Le réalisateur de “Cure” joue très intelligemment avec les codes de la science-fiction pour signer une fable philosophique, tantôt drôle, tantôt effrayante, et surtout, empreinte d’une grande mélancolie. (Bande à part) Avec son titre fataliste, “Avant que nous disparaissions” énonce la fin de notre civilisation avec une évidence plus terrorisante que toute la pyrotechnie hollywoodienne. (Cahiers du Cinéma) Le Japonais Kiyoshi Kurosawa, cinéaste de l’intime, se lance dans un stupéfiant exercice de science-fiction. (Le Monde) Du cinéma en prise directe avec notre chaos planétaire et nos peurs collectives. (Les Inrocks)
- Japanese director Kyoshi Kurosawa’s “Before we vanish” may be a sci-fi thriller about an alien attack and brain-drain à la “Invasion of the Body Snatchers,” but its ultimate message is the salvation of love. Playing frequently like an absurdist political satire with only flashes of violence, this low-tension, drawn-out work won’t gratify the chills or adrenaline rushes fanboys crave, but the ending strikes a romantic chord so pure that all but the most jaded cynics will be moved. (Maggie Lee/Variety)
DEMI-SOEURS
Comédie; Réalisateurs: Saphia Azzeddine, François-Régis Jeanne; avec Sabrina Ouazani, Alice David, Charlotte Gabris, Patrick Chesnais; Scénaristes: Saphia Azzeddine, Joris Morio, François-Régis Jeanne; Musique: Damien Bonnel, Hugo Gonzalez Pioli: Directeur/Photo: Christophe Graillot; France 2018, 105 minutes.
Lauren, ravissante it-girl de 29 ans, tente de percer dans le milieu de la mode en écumant les soirées parisiennes. Olivia, 28 ans et un rien psychorigide, a deux obsessions : sauver la confiserie de ses parents, et se trouver le mari idéal. A 26 ans, Salma, jeune professeur d’histoire fougueuse, vit encore chez sa mère en banlieue. Leurs routes n’ont aucune raison de se croiser… Jusqu’au jour où, à la mort de leur père biologique qu’elles n’ont jamais connu, elles héritent ensemble d’un splendide appartement parisien. Pour ces trois sœurs qui n’ont rien en commun, la cohabitation va s’avérer pour le moins explosive…
- Comédie du stéréotype qui assène son message inter-communautaire avec la lourdeur d’un devoir scolaire de collégien…(aVoir-aLire.com) “Demi-sœurs”, demi film. Voilà une comédie qui manque cruellement de rythme et d’originalité, malgré un casting attrayant sur le papier. Surtout, le scénario, loin de renverser les clichés, se vautre dedans comme un cerf dans sa souille. (Les Fiche du Cinéma) S’il y a de bonnes idées dans la mise en scène (l’allure stylée de Lauren filmée au ralenti par exemple), on a surtout envie de rire avec ces filles-là et pas que sourire. Le pitch de départ ne pouvant pas tenir la route bien longtemps, on aurait aimé des dialogues plus fins et travaillés dans une veine comique. (Elle)
ABDEL ET LA COMTESSE
Comédie; Réalisatrice: Isabelle Doval; avec Charlotte De Turckheim, Amir El Kacem, Margaux Chatelier, Anne Consigny; Scénaristes: Sophie Glaas, Amélie de Chassey, Pierre Kubel, Colombe Savignac; Directeur/Photo: Gilles Henry; France 2018, 95 minutes.
À la mort du Comte, la Comtesse de Montarbie d’Haust doit transmettre le titre de noblesse et le domaine à un homme de la famille, comme le veut la tradition aristocratique. Elle ne peut cependant se résoudre à transmettre le domaine à Gonzague, un neveu arrogant et cupide, plutôt qu’à sa fille. Quand Abdel, un jeune de cité débrouillard et astucieux, trouve refuge dans leur château, sa rencontre avec la Comtesse va faire des étincelles ! Issus de deux mondes que tout oppose, ils pourraient bien s’aider mutuellement…
- “Charlotte de Turckheim et Amir El Kacem sont à l’affiche de cette comédie basée sur le choc des cultures, nouveau dada du cinéma français qui jongle souvent avec les clichés, sans éviter le politiquement correct.” (Le Point)
- On ne comprend pas vraiment pourquoi « Abdel et la Comtesse » n’a pas été montré à la presse avant sa sortie ce mercredi : si le film ne fait pas vraiment d’étincelles, il n’a rien de honteux. Certes, le scénario et les dialogues cumulent parfois des clichés sur la différence de classes et n’évitent ni les lourdeurs ni les scènes à la limite du grotesque, comme la descente dans une cité de la comtesse ridiculement accoutrée. Mais la plupart des acteurs n’en font pas trop et jouent avec retenue, comme Anne Consigny ou Sam Karmann, qui interprètent la domestique et le meilleur ami de la châtelaine. (Le Parisien)